Exposition: « Filmer les procès, un enjeu social »

Tout récemment, à l’invitation de madame SIN BLIMA-BARRU, la commissaire,  nous avons eu l’occasion de visiter l’exposition « Filmer les procès, un enjeu social. De Nuremberg au génocide des Tutsi au Rwanda » aux Archives nationales.

C’est la première fois que les archives audiovisuelles de la Justice sont montrées au public dans le cadre d’une exposition.  Il a fallu attendre 1985 et la loi BADINTER pour qu’il soit autorisé de filmer un procès dans le cas où il « présente un intérêt pour la constitution d’archives historiques de la justice ».

Dans la salle d’exposition sont présentés un certain nombre de films, d’une vingtaine de minutes, qui rendent compte, par des extraits des documents filmés, de ce qu’ont été les grands procès pour crimes contre l’humanité et génocide.  On peut visiter l’exposition comme on veut, il n’y a pas de sens imposé. Permettez-nous de vous présenter les documentaires dans l’ordre chronologique où se sont déroulés les procès.

Le procès de Nuremberg intenté par les puissances alliées contre 24 des principaux responsables du Troisième Reich, accusés de complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité se tient du 20 novembre 1945 au 1 octobre 1946 dans le palais de justice de Nuremberg et constitue la première mise en œuvre d’une juridiction pénale internationale.

Le procès EICHMANN. Arrêté en Argentine le 23 mai 1960, Adolf EICHMANN est jugé à Jérusalem à partir du 11 avril 1961. C’est le premier procès d’un criminel nazi depuis les procès de l’après-guerre, à Nuremberg, procès d’un bureaucrate consciencieux et à l’intelligence médiocre met en lumière la « banalité du mal » selon la forte expression de la philosophe Hannah Arendt.

Le procès de Klaus BARBIE. Il est chef de la section IV dans les services de la police de sûreté allemande basée à Lyon, durant l’occupation par l’Allemagne nazie. Surnommé « le Boucher de Lyon », en fuite durant plus de quarante ans, il est finalement extradé de Bolivie vers la France où il est condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité à Lyon en 1987. Le , au terme de neuf semaines de procès, et après six heures et demie de délibération, la cour d’assises du Rhône reconnaît Klaus Barbie coupable de dix-sept crimes contre l’humanité et le condamne à la prison à perpétuité« pour la déportation de centaines de Juifs de France et notamment l’arrestation, le 6 avril 1944, de 44 enfants juifs et de 7 adultes à la maison d’enfants d’Izieu et leur déportation à Auschwitz. »

Le procès TOUVIER. Paul TOUVIER est un ancien fonctionnaire collaborationniste du régime de Vichy, condamné à mort en 1946 et en 1947 pour un des nombreux crimes commis en tant que chef de la Milice lyonnaise durant l’occupation par l’Allemagne nazie. Fugitif, il est gracié  en 1971 par le président Georges POMPIDOU, mais des plaintes pour crimes contre l’humanité imprescriptibles étant déposées contre lui, il repart en cavale dans des réseaux catholiques, puis est finalement arrêté en 1989, jugé et condamné en 1994 à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le procès PAPON. Maurice PAPON est un haut fonctionnaire condamné en 1998 à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité concernant des actes d’arrestation et de séquestration, lors de l’organisation de la déportation des Juifs de la région bordelaise vers le camp de Drancy d’où ils sont ensuite acheminés vers le camp d’extermination d’Auschwitz, commis quand il était secrétaire général de la préfecture de Gironde.

Le procès de 14 Chiliens. Jugés en leur absence entre le 8 et le 17 décembre 2010, ces14 Chiliens sont soupçonnés d’être à l’origine de la séquestration et la disparition de 4 franco-chiliens, entre 1973 et 1979, sous la dictature PINOCHET.

Le procès de Pascal SIMBIKANGWA. Le 14 mars 2014, la Cour d’assises de Paris condamnait Pascal SIMBIKANGWA, un ex-capitaine de l’armée rwandaise sous le régime HABYARIMANA,  à 25 ans de réclusion criminelle pour génocide et complicité de crimes contre l’humanité commis entre avril et juillet 1994 dans le cadre du génocide des Tutsi au Rwanda. La peine sera confirmée en appel devant les assises de Bobigny en décembre 2016[1].

Le procès NGENZI/BARAHIRA. Ces deux anciens bourgmestres de la commune de Kabarondo au Rwanda ont été jugés et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour leur participation au génocide des Tutsi du Rwanda le 6 juillet 2016. La peine sera confirmée en appel le 6 juillet 2018. C’est la deuxième condamnation en France pour génocide[2].

Initialement prévue pour être présentée au public jusqu’au 14 mai 2021, les organisateurs de l’exposition ont décidé une prolongation jusqu’au 18 décembre. Il vous faudra entre 2 heures et 2h30 pour visionner tous les films projetés. Si vous le pouvez, ne manquez cette exposition sous aucun prétexte.

Voir le dossier presse sur le site des Archives nationales:

https://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/documents/10157/124340/DP_proces-131020.pdf/fb8af0b0-4598-487c-a3f3-777c7436d3d2

D. et A. GAUTHIER

  1. voir également tous nos comptes rendus du procès SIMBIKANGWA.[]
  2. voir également tous nos comptes rendus du procès NGENZI/BARAHIRA.[]

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Projection-débat du documentaire "Rwanda 94, année zéro" en avant-première le 21 mars à Limoges et le 27 mars à Reims. Diffusion sur France 3 le 11 avril pour la 30ème commémoration du génocide des Tutsi.