Lettre ouverte aux candidats à la présidentielle: réponse de Nathalie ARTHAUD.

A ce jour, seule Nathalie ARTHAUD, pour Lutte Ouvrière, a répondu à la lettre ouverte que le CPCR et l’ACPCR ont adressée à chaque candidat à l’élection présidentielle  concernant la justice française et la poursuite des personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide des Tutsi. Nous publions cette réponse. Par contre, nous ne publions pas l’analyse que ce parti avait fait connaître en 2014 et qui était jointe à la réponse. En effet, nous ne partageons pas un certain nombre d’éléments qui semblent renvoyer dos à dos les forces génocidaires et le FPR. AG.

Monsieur

Je vous remercie pour votre courrier qui a pour objet d’attirer l’attention sur les responsabilités de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda à l’été 1994. Je n’omets pas non plus le sort tout aussi tragique réservé alors aux Hutu modérés. J’y suis d’autant plus sensible que mon organisation a dénoncé d’emblée la participation et la complicité des autorités françaises, civiles et militaires, dans ce génocide ainsi que l’impunité dont elles bénéficient depuis vingt ans. Le courant trotskyste dont je me revendique, c’est-à-dire communiste, révolutionnaire et internationaliste a même d’une certaine façon le devoir politique, et d’une certaine façon également moral, de combattre l’État français et ses agissements de par le monde. Et ils sont légion. De même que nous réclamons le retrait de toutes les troupes françaises et de ses bases permanentes du continent africain.

 Pour revenir au sujet sur lequel vous m’interpellez, je ne tiens pas à faire semblant par la présente de prendre un « engagement » ou d’énoncer les « mesures » que je prendrais si j’étais élue, car je ne le serai pas. Le fait que la France, ses grandes entreprises et ses militaires pillent les richesses de ses anciennes colonies ou de régions qu’ils considèrent comme relevant de leur zone d’influence me renforce dans mon opposition à prétendre gérer ce pouvoir et cette société capitaliste qui en forme l’assise. Mon objectif est que les travailleurs la renverse, et ce dans tous les pays.

 Je partage en revanche votre écœurement relatif aux protections juridiques dont les coupables bénéficient et à la lenteur des procédures engagées. Et je ne peux qu’être solidaire du combat visant à en accélérer l’avancée et à étendre le champ de compétence des institutions qui en ont la charge.

 Ce scandale s’ajoute hélas à bien d’autres. Et le passé montre que c’est bien souvent la persévérance des témoins, des victimes et des associations qui ont pu faire entendre leur cause et obtenir, parfois, un semblant de reconnaissance de la justesse de leur combat. La France dont vous parlez et que vous voulez voir jugée, c’est l’État français, ses hauts –fonctionnaires, ses dirigeants politiques, ses hommes de main sur le terrain. Mais ce sont aussi, en arrière plan, les dirigeants des grandes sociétés, la grande bourgeoisie pour le compte desquels les gouvernements successifs agissent depuis des décennies. Ces gens-là n’ont en général aucun compte à rendre. C’est tout le sens en revanche de mon combat pour un monde fraternel débarrassé des guerres, des frontières, des conflits religieux ou ethniques.

 Lutte ouvrière s’est exprimée à de nombreuses reprises sur la question du génocide au Rwanda à travers notre presse et nos publications. Nos camarades de l’Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationaliste, qui militent notamment en Côte d’Ivoire ont eux aussi dénoncé avec force la complicité de la France. Et j’ai eu moi-même l’occasion de le faire bien souvent.

Avec toute ma solidarité,

Nathalie ARTHAUD, Lutte Ouvrière.

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