Procès en appel NGENZI/BARAHIRA. Mercredi 2 mai 2018. J1

Ouverture du procès en appel au Palais de Justice de Paris

C’est à 10h25 que l’audience est déclarée ouverte par la madame la Présidente de la Cour d’assises qui demande à ce que les accusés entrent dans la salle. Les quatre interprètes sont alors invités à prêter serment. Les accusés, chacun leur tour, déclinent leur identité. Occasion pour madame la Présidente de rappeler que Tite BARAHIRA, incarcéré à Fresnes, vient de faire 5 ans, 1 mois et 21 jours de préventive. Quant à Octavien NGENZI, il en est à 7 ans et 11 mois de prison à Fleury-Mérogis. A noter, pour répondre à ceux qui s’étonnent d’une si longue détention, que monsieur NGENZI est en grande partie responsable de ses années passées en prison dans la mesure où il a usé, et abusé diront certains, des nombreux recours qu’il lui était permis de faire !

Lorsque madame la Présidente annonce que le procès sera filmé, maître BOURGEOT, nouvelle avocate de Tite BARAHIRA, va protester dans la mesure où elle n’aurait pas été avertie de cette procédure (Note du rédacteur : dans les trois procès précédent, les débats ont toujours été filmés pour l’Histoire !) Malgré les contestations de la défense, madame la Présidente déclare que « l’ordonnance est exécutoire » et que l’enregistrement audio-visuel sera bel et bien réalisé, quitte, ajoute-t-elle, si raison est donnée  à la défense, à ce qu’on décide de détruire les enregistrements ! Ce qui est peu probable.

Tirage au sort des jurés.

On procède ensuite au tirage au sort des neufs jurés titulaires et des cinq supplémentaires. Ces derniers assisteront à toutes les audiences mais ne participeront pas à la décision finale : ils pourront toutefois être appelés à siéger pour le cas où un titulaire viendrait à devoir se retirer du procès. Six femmes et trois hommes composeront le jury aux côtés de la Présidente et des deux assesseurs. Trois femmes et deux hommes feront partie des suppléants.  A noter que la défense et l’avocat général, monsieur BERNARDO, ont usé de leur droit à récuser des jurés : 5 pour la défense et 4 pour l’accusation.

Appel des témoins et experts.

Une bonne partie de la matinée sera ensuite consacrée à l’appel des témoins et des experts. Occasion pour madame la Présidente de faire connaître un certain nombre de dates auxquelles comparaîtront les témoins, et de s’assurer de la présence effective de ces derniers. Certains n’ont pas encore fait connaître leur intention de répondre positivement à leur convocation, d’autres, comme le professeur Filip REYTJENS, ont clairement annoncé leur refus de collaborer avec la justice. Ce dernier a en effet justifié sa décision : il refuse d’être entendu « pour des raisons étiques et juridiques », redoutant « des débats virulents » et dénonçant « une entreprise d’intimidation », ajoutant qu’il n’est « pas en mesure de témoigner sans crainte ». S’il était contraint de venir témoigner, il a manifesté sa volonté « de ne pas prêter serment ». Madame la présidente aura beau faire savoir qu’un témoin ne peut témoigner sans prêter serment, maître EPSTEIN, avocat de NGENZI, a insisté pour que ce témoin comparaisse tout de même ! Ce ne sera tout simplement pas possible, lui fait savoir la Présidente.

Quelques précisions concernant le calendrier des audiences.

Nous apprenons alors, de la bouche de madame la Présidente, qu’il n’y aura pas d’audience les lundis et mercredis après-midi, Tite BARAHIRA devant se rendre à l’hôpital pour raisons de santé. Comme en première instance, ce dernier doit être dialysé trois fois par semaine.

La semaine du 7 au 13 mai sera, quant à elle, banalisée à cause du pont du 8 mai et de l’Ascension. Pas d’audience non plus le vendredi 22 juin et le lundi 25, ainsi que le lundi 21 mai. Ce qui risque de perturber quelque peu le planning (qui sera distribué aux avocats en fin d’audience), d’autant plus que nous apprenons que la défense souhaite faire citer un nombre important de témoins soumis au pouvoir discrétionnaire de la Présidente. Ce qui ne manquera pas de provoquer quelques échanges animés entre madame la Présidente et maître BOURGEOT, manifestement énervée qu’on lui fasse savoir que toutes ses demandes ne pourront peut-être pas être exaucées. Occasion pour la Présidente de manifester une autorité dont elle aura besoin tout au cours du procès.

Avant de déclarer la suspension de l’audience, madame la Présidente annonce que la matinée du 3 mai sera consacrée au rapport d’audience suivi de l’étude des conclusions de nullité que la défense n’a pas manqué de déposer ! L’après-midi, il sera procédé à l’interrogatoire sur le CV de Tite BARAHIRA.

L’audience est suspendue à 11h55 et reprendra demain à 9h30.

Alain GAUTHIER, président du CPCR

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