Procès Simbikangwa: 28 février 2014 (partie 2)

Audition de Jean-Marie Vianney Nyirigira, veilleur de nuit à Kiyovu en 1994.

Le témoin est un rescapé et commence par annoncer qu’il a trois choses à dire sur Simbikangwa.

Le prévenu a disséminé des armes au sein de la population, armes destinées à tuer les Tutsi. Ce 15 avril 1994, Simbikangwa est passé à la barrière sur laquelle se trouvait le témoin et a incité les civils et les militaires à ne laisser passer aucun Tutsi. D’autant plus que dans un autre secteur de la ville le FPR avait exterminé les Hutu. Quelques jours plus tard, une camionnette conduite par un certain Benoît est entrée chez Simbikangwa et la quinzaine de personnes qui l’accompagnaient sont ressorties avec des armes. Enfin, le 23 avril, à la même barrière, Simbikangwa est passé et lui a demandé de montrer sa carte d’identité. Il s’agissait d’une carte que le témoin avait falsifiée pour faire croire qu’il était Hutu. Simbikangwa aurait donné l’ordre de le tuer. Et de raconter comment il a fini pas pas fuir et être sauvé par un militaire à qui il avait donné de l’argent.

Le témoin va ensuite se soumettre à une série de questions, d’abord par le président, et donne les précisions que ce dernier souhaite avoir. 

L’audition va se poursuivre avec une longue série de questions de la défense. Maître Epstein s’adresse au témoin mais aucune des questions qu’il pose ne permet d’éclairer la situation. Tout le monde est fatigué et on sent bien que l’avocat ne pose des questions que pour essayer de mettre le témoin en danger. Mais rien n’y fait. Monsieur Nyirigira fait front. Maître Epstein demande enfin au témoin s’il fait partie de l’association Ibuka, sous-entendant, selon les propos de son client, qu’il aurait été manipulé. Tout le monde est soulagé quand l’avocat prend la décision de cesser son interrogatoire.

Florilège de Simbikangwa qui termine la journée: 

     – « Ce monsieur  est un grand comédien. »

     – « Il raconte les mêmes choses sur tous les gens qu’il accuse, monsieur Z, Benoît… »

     – « De quoi aurait-il peur? » faisant allusion à ce qu’a dit le témoin, « c’est de la comédie. C’est un comédien de mauvais goût. C’est un menteur. »

S’exprimant enfin sur la carte d’identité que le témoin a falsifiée en grattant sous la mention ‘Tutsi » et en soulignant la mention « Hutu »: « C’est impossible. Si vous êtes Hutu, seule la mention Hutu est indiquée, si vous êtes Tutsi, c’est pareil. » Malheureusement le prévenu ment et cherche à tromper les jurés. Nous aurons l’occasion de le prouver rapidement. 

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