Procès Simbikangwa: 5 février 2014

Cette seconde journée a été encore consacrée à la personnalité de Pascal Simbikangwa. Un petit intermède en début d’après-midi cependant: l’intervention d’une enquêtrice de personnalité qui, après avoir rencontré Pascal Simbikangwa à deux reprises et après avoir eu un contact téléphonique avec une sœur du prévenu au Canada, a tenté de repérer les traits dominants de sa personnalité. On nous l’a décrit comme un homme courageux qui vouait à sa mère une grande admiration, peut-être d’autant plus forte que cette dernière était battue par son mari. La psychologue a souligné aussi son sens aigu de la perfection doublée d’une admiration sans bornes pour le président Habyarimana. La mort de sa femme au Zaïre, puis la séparation d’avec sa fille qu’il a fait adopter aux USA sont pour lui un véritable déchirement. Il se sent seul, a peu d’activités à la prison de Fresnes (lecture essentiellement) et est sous antidépresseurs! La faillite du père a renforcé son besoin de s’occuper du reste de la famille. Les différentes parties ont pu poser quelques questions. On peut regretter que, dans sa façon de poser des questions, maître Epstein suggérait les réponses à la psychologue.

Le reste de la journée a donc été consacré à un nouvel interrogatoire serré du président, monsieur Leurent. Le premier domaine abordé a été celui de la torture, Simbikangwa étant surnommé depuis longtemps au Rwanda le « tortionnaire ». Ce dernier a nié toute participation à des activités de torture.

Il a été ensuite interrogé sur ses éventuels engagements politiques: ses relations avec la presse, la publication de son Journal « Umurava », sa qualité d’actionnaire à la radio extrémiste RTLM, la Radio Télévision Libre Mille Collines. On été évoqués ensuite un certain nombre d’autres thèmes: la crainte qu’il provoquait à Kigali, les réunions secrètes auxquelles il aurait participé, sa sympathie affichée pour le MRND, le parti unique du président, la lettre que le président de la Cour de cassation, monsieur Kavaruganda, a écrite le 24 mars 1994 au président Habyarimana pour dénoncer le comportement inquiétant (menaces de mort) de Simbikangwa à son égard. Monsieur Kavaruganda sera tué dès le début du génocide!

A chaque question, le prévenu perd rarement son sang-froid. Il accuse tous les témoins d’être des menteurs, conteste tous les témoignages rapportés par le président. A l’entendre, il serait le seul à ne pas mentir. Or, tout en lui respire la duplicité, la fourberie, le mensonge. Il provoque ainsi la colère des avocats des parties civiles et celle de l’avocat général.

Il va être temps de passer à autre chose. Les témoins de contexte vont bientôt intervenir, ce qui donnera un autre souffle à ce procès qui commence à exaspérer les parties civiles et probablement une bonne partie du public. Peut-être aussi les jurés.

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