Séance de dédicace à Reims: « Sur la piste des tueurs rwandais »

Samedi 1 décembre 2012 s’est déroulé à Reims, à la Librairie « Le Chapitre », une dédicace du livre de Maria Malagardis « Sur la piste des tueurs rwandais ». Malheureusement, Maria n’a pu être des nôtres, retenue au dernier moment par ses activités professionnelles. Elle a tenu à nous délivrer le message suivant.

Bonjour à vous tous.

J’ai demandé à Dafroza de vous lire ce petit mot pour vous présenter toutes mes excuses de ne pas être là comme prévu, et vous exprimer ma peine, vraiment sincère, croyez-le, d’avoir manqué ce rendez-vous, que j’attendais tant avec vous. Car Reims a joué un rôle un peu spécial dans ce livre.

C’est une ville qui est très présente , à intervalles réguliers dans ce récit, puisque c’est ici que Dafroza et Alain ont fait leur vie, eux dont le combat exemplaire est raconté dans ce livre, eux qui ont bénéficié, toujours, du soutien de beaucoup de Rémois. Surtout dans les moments les plus difficiles… Ce livre vous appartient, par conséquent, à vous tous, vous qui avez soutenu Dafroza, Alain et les membres de leur association.

C’est le lot des journalistes de devoir parfois partir subitement là où l’actualité les appelle. C’est ce qui m’arrive aujourd’hui, ce n’était pas prévu. J’aurais préféré être parmi vous, croyez-moi! En l’occurrence, en ce moment même, ce samedi, je vole vers le Rwanda pour me rendre ensuite dans l’Est de la République Démocratique du Congo, la RDC, une région où résonne une fois de plus le bruit des armes. C’est si loin, le Congo…

Et pourtant, si vous lisez ce livre, celui consacré au combat de deux Rémois, pour la justice, eh bien, vous constaterez peut-être que le Congo ce n’est pas si loin, même si tout ce qui s’y passe semble, pour peu qu’on s’y intéresse, si lointain, complexe, confus.

Sauf qu’en réalité, tout ce qui se passe là-bas, dans ce bout du monde si abstrait, est d’abord la conséquence du génocide qui s’est déroulé au Rwanda en 1994. Cette année-là, peu avant l’été, beaucoup de gens s’étaient mobilisés à Reims pour dénoncer l’indifférence du monde face à la tragédie, face aux massacres de gens innocents. Cette mobolisation, dont vous avez peut-être fait partie, dont vous avez eu certainement connaissance, montre d’abord que tout ce qu’on veut nous faire croire sur l’indifférence des gens, celle de l’opinion, par rapport aux drames lointains ne se vérifie pas. Il ne faut jamais céder aux cyniques et vous, à Reims, vous l’avez déjà prouvé.

Aujourd’hui, certains responsables du génocide qui ont fui au Congo par la suite, vivent libres et sans être inquiétés, en France. Pouvons-nous l’accepter? S’il s’agissait de nazis allemands, et c’est pareil, l’aurions-nous accepté?

En réalité, déjà, ce refus de la conscience existe, et c’est d’abord ici, à Reims, qu’il prend racine. Car Dafroza, Alain et le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda sont là, pour veiller à ce que ce qui ne peut être pardonné ne tombe jamais dans l’oubli.

Lire ce livre, le faire connaître, est presqu’un acte militant, je le dis en toute modestie, car ce n’est pas moi, l’auteure, qui a de l’importance, mais le CPCR, le combat qu’il mène, au nom de notre humanité commune. Beaucoup d’entre vous le soutiennent, chacun à votre façon et selon vos possibilités. Et cette solidarité vous honore.

Alors, très vite, j’en suis sûre, nous aurons d’autres occasions de nous retrouver, et je vous remercie de tout coeur d’être là, avec ceux qui luttent pour la justice, contre des crimes inhumains. C’est un combat important, essentiel, même si l’on ne connaît rien à l’Afrique, car ce drame est votre histoire. Bonne lecture et à très vite!

Maria

 

 

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