Damien Thévenot rectifie son « erreur » dans Télé Matin.

Après avoir présenté sa chronique littéraire ce 10 février 2015 au Télé Matin de France 2, Damien THEVENOT, le journaliste qui interviewait son confrère de Paris Match, a tenu à apporter « un rectificatif » à « l’erreur » commise lors de l’émission du 31 janvier. « Le génocide au Rwanda est le génocide des Tutsi par les extrémistes hutu. » Et de terminer par un « voilà » que l’on peut diversement interpréter.

« Voilà », l’erreur est réparée. On est quitte!

« Voilà », vous êtes contents?

« Voilà », l’incident est clos. Nous pouvons passer à autre chose. « Un détail de l’Histoire »!

Et de présenter de plates excuses en direction « des personnes qui auraient pu être blessées ». Mais aucune compassion, aucune empathie. On aurait pu s’attendre à un peu plus de regrets… Mais non!

Les personnes blessées, ce ne sont pas seulement celles qui ont protesté, celles qui ont été choquées d’entendre dire que les « Hutu avaient été exterminés par les Tutsi », celles qui ne peuvent accepter que l’Histoire soit ainsi déformée. Les personnes blessées, ce sont ces centaines de milliers de victimes innocentes lâchement assassinées, découpées en morceaux, jetées vivantes dans les latrines, hommes, femmes, enfants, vieillards, bébés… Les personnes blessées, ce sont les milliers de rescapés qui porteront pour le restant de leurs jours les blessures physiques et morales qu’on leur a infligées. Les personnes blessées, ce sont celles qui doivent se battre tous les jours pour que justice soit rendue, dans l’indifférence quasi générale.

Eh bien non, monsieur THEVENOT, vos excuses sont un peu courtes. Nous ne pouvons nous en contenter. Nous avons écrit au directeur des programmmes de votre chaîne dont nous attendons des explications, et non un simple « rectificatif ». Les victimes et leurs familles ne supportent plus que les médias, qui font l’opinion, confortent les négationnistes de tout poil qui sévissent dans notre pays. Vous devez savoir que des dizaines de personnes qui sont soupçonnées d’avoir participé au génocide des Tutsi vivent tranquillement en France où elles ont obtenu le statut de réfugié, ou pire encore, la nationalité française. Près de trente  d’entre elles font l’objet de pousuites judiciaires, toutes à l’initiative de victimes ou d’associations comme la nôtre. Mais 20 ans après les faits, un seul procès d’assises a eu lieu: Pascal SIMBIKANGWA a été condamné à 25 ans de prison pour « génocide » et « complicité de crimes contre l’Humanité » le 14 mars dernier. Il a fait appel. D’autres procès d’assises sont attendus, mais combien de temps faudra- t-il encore patienter pour que tous soient jugés?

Un génocide, monsieur THEVENOT, n’est pas un crime comme les autres: c’est un crime contre l’Humanité, et qui concerne donc chacun d’entre nous. Vous comprendrez donc notre indignation et notre colère, que votre intervention de ce matin est loin d’avoir apaisées.

Alain GAUTHIER, président du CPCR.

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