Laurent Serubuga: attente sereine d’une décision dextradition ?

C’est demain jeudi 12 septembre que Laurent Serubuga devrait connaître la décision de la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Douai concernant son extradition éventuelle vers le Rwanda. Le 13 août dernier, le parquet général avait requis un avis favorable à cette extradition. Si les magistrats de Douai venaient à leur tour à se prononcer en faveur d’une extradition vers le Rwanda, tout le monde sait maintenant que la Cour de Cassation, fidèle à sa jurisprudence, annulerait cette décision en s’appuyant sur un argument des plus fallacieux: la loi organique qui punit au Rwanda le crime de génocide serait postérieure au crime lui-même. N’importe quel béotien est capable de comprendre qu’on imagine mal un gouvernement qui prépare un génocide puisse mettre en place, dans le même temps, une loi qui condamnerait les génocidaires. Laurent Serubuga peut donc attendre sereinement la décision du 12 septembre. Il devra alors repasser devant une autre Cour d’appel qui ne manquera pas, comme cela a toujours été le cas, surtout à Paris, de se ranger derrrière l’avis de la Cour de Cassation. Un autre argument sera avancé: l’accusé ne bénéficiera pas d’un procès équitable au Rwanda.  Depuis des années que nous suivons ces audiences, nous pouvons dire que c’est du temps perdu. Le seul intérêt de telles procédures est de rappeler qu’en 1994, au Rwanda, un génocide contre les Tutsi a été perpétré et que nombre des présumés génocidaires ont touvé en France un refuge bienveillant pour ne pas dire complice. Le 25 septembre, deux autres affaires devraient être traitées devant la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris. Claude Muhayimana et Innocent Musabyimana peuvent attendre avec la même sérénité. Il sera toujours temps de se réjouir  le jour où une décision différente sera prise!

« Out dedere, out judicare ». Selon l’adage latin, il restera alors à la justice française le devoir de juger ceux qu’elle refuse d’extrader. Près de vingt ans après ce génocide qui a plongé nombre de familles dans la douleur, parfois le désespoir au Rwanda et qui a également déshonoré toute la communauté internationale, un premier procès en assises se déroulera à Paris du 4 février au 28 mars 2014. D’aucuns y voient un geste de bonne volonté de la France à l’égard du Rwanda à la veille de la vingtième commémoration du génocide (article de Jeune Afrique). Réduire ce procès à un simple geste diplomatique serait un nouvel affront fait aux victimes et à leurs familles. Les enjeux du procès de Pascal Simbikangwa, membre de l’akazu, proche de la famille Habyarimana, sont d’une toute autre nature. Il va s’agir de juger un homme pour les crimes qu’il a commis ou qu’il a fait commettre au Rwanda en 1994. Ce procès est avant tout un acte rédempteur à l’égard des victimes. Il devra servir à écrire l’histoire du génocide pour écrire l’histoire du Rwanda. Il devra également ouvrir la porte à d’autres procès que l’on ne pourra indéfiniment repousser aux calendes grecques. Les victimes ont besoin de justice, pour bien signifier au monde entier que le règne de l’impunité est révolu. Ce que demandent les parties civiles, c’est que justice soit rendue, sans haine ni vengeance, comme on nous oblige à le répéter. Contrairement à ce que colportent nos détracteurs qui sont légions en France, ce ne sont pas des Hutu que nous voulons traîner en justice, mais des présumés génocidaires que nous devons considérer comme innocents tant que la justice ne se sera pas prononcée sur leur culpabilité. Ce procès de Pascal Simbikangwa sera un procès historique. Nous l’attendons avec sérénité parce que c’est à la justice de dire le vrai et que la vérité fait grandir et la victime et le bourreau, à condition que ce dernier finisse par la reconnaître. Nous n’aurions pas consacré près de vingt ans à ce combat, avec d’autres, si nous n’avions pas estimé pas qu’il est juste. Laurent Serubuga, mais aussi Agathe Kanziga, Wenceslas Munyeshyaka, Laurent Bucyibaruta, Sosthène Munyemana, Eugène Rwamucyo, Charles Twagira et tous les autres, tous poursuivis en France pour génocide, devront rendre des comptes à la justice, à la justice française puisque les magistrats semblent avoir décidé, une fois pour toutes, de ne pas les renvoyer dans leur pays. C’est l’unique justification du combat que nous menons.

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