Procès en appel de Ngenzi et Barahira. Vendredi 25 mai 2018. J12

 

Audition de monsieur Samson MUSONI, cousin de Tito BARAHIRA.

Le témoin, dans sa déclaration spontanée, déclare qu’il a bien rencontré les accusés pendant le génocide, sans préciser de dates. Il a fait un bout de chemin avec son cousin alors qu’il se rendait dans sa bananeraie mais ils se sont très vite séparés. Comme ils avaient entendu des clameurs, BARAHIRA a continué sa route et le témoin est rentré chez lui. Il apprendra qu’une réunion était organisée par son cousin mais quand il est arrivé, la rencontre était terminée et on lui a dit que son cousin était reparti. Il y aurait bien eu des pillages après cette rencontre. Des recommandations avaient été faites : il fallait veiller à la sécurité.

Quant à NGENZI, il dit être allé le voir, en tant que conseiller adjoint de secteur, pour lui signaler que la situation n’était pas bonne. Il a vu aussi l’abbé INCIMATATA. Le bourgmestre n’a pas réagi. Il reverra les deux accusés un peu plus tard à Benako.

On l’interrogera sur son rôle personnel, tout en lui disant que ce n’est pas lui qui est jugé : question de le mettre en confiance et qu’il puisse donner plus de précisions. On sent bien que le témoin est sur la réserve. Toutes les parties souligneront que ses déclarations sont contradictoires.

On retiendra toutefois qu’une réunion a bien eu lieu sur le terrain de football, qu’elle a été suivie de pillages et de massacres dans le secteur de Cyinzovu. Le reste, surtout en ce qui concerne BARAHIRA, il l’apprendra plus tard.

Auditions d’Ernest NTAGANDA, de Augustin NSABIMANA, de Samuel NSENGIYUMVA et de Eliezer NGENDAHIMANA.

Toute la journée sera consacrée à l’audition de témoins venus du Rwanda, tous cultivateurs de Cyinzovu et ses environs. Tous condamnés à des peines de prison qu’ils ont effectuées, ils sont venus donner leur version des faits. Si l’on doit noter un certain nombre de divergences entre les témoignages, c’est avant tout parce qu’ils ne veulent pas assumer les actes qu’ils ont faits eux-mêmes, enclins qu’ils sont à faire porter la responsabilité sur les autres. Ils ont pourtant juré de dire toute la vérité, mais c’est LEUR vérité.

Et puis, il existe aussi de nombreuses contradictions internes à chaque témoignage. Auditionnés à plusieurs reprises, à des dates parfois éloignées les unes des autres, on a du mal à y voir clair. Il suffira peut-être d’essayer de dégager quelques constantes de tous ces témoignages, même des certitudes :

      1. Il y a bien eu une réunion qui s’est tenue autour du 13 avril 1994 sur le terrain de foot de Cyinzovu.

      2. C’est bien Tito BARAHIRA qui l’aurait convoquée et dirigée.

      3. Ce dernier aurait bien donné des consignes assez précises comme « assurer la sécurité ».

      4. « Assurer la sécurité » voulait bien dire, dans l’esprit des témoins, « tuer les Tutsi ».

      5. Des massacres ont bien eu lieu après cette réunion.

      6. De Cyinzovu ou des environs, on a bien entendu des tirs, au loin.

La présence de NGENZI à cette réunion semble bien devoir être écartée. Par contre, un témoin aurait vu passer sa voiture sur la route macadamisée, dans le sens Kibungo/Kabarondo. Peut-être est-ce un point qui pourra être éclairci quand on abordera les témoignages sur les massacres de l’église le 13 avril.

Alain GAUTHIER, président du CPCR

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